France. L’apprentissage des langues régionales refait surface… mais pas partout !

Igor Rembotte
Par Igor Rembotte 17 Jan 2014 14:27

France. L’apprentissage des langues régionales refait surface… mais pas partout !

170114-loieducationLe sujet est toujours complexe dans le traitement à Saint-Martin tant la mixité de population a tendance à noyer la langue vernaculaire maternelle dans un imbroglio d’autres langues et tant l’éducation nationale assomme l’enseignement d’un français pas toujours adapté au public.

Pourtant, le ministère de l’éducation nationale, peu réputée pour sa capacité de réforme d’un outil à la capacité de mouvement relative, intègre pas à pas cette composante de la diversité française dont la nation est si fière.

Ainsi, la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République (à consulter ici sur legifrance) du 8 juillet 2013 conforte la place des langues et des cultures régionales dans le système éducatif et en précise les modalités d’enseignement. Dans un document du ministère de novembre 2013 (

  APPRENDRE ET ENSEIGNER LES LANGUES ET LES CULTURES RÉGIONALES DANS L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE (545,7 KiB, 478 hits)

), il est ainsi affirmé que “Le caractère bénéfique de l’apprentissage précoce des langues régionales est reconnu, au même titre que celui des langues étrangères”. On y découvre par exemple que la possibilité de recourir ponctuellement aux langues régionales et à la culture qui y est afférente peut désormais être étendue aux enseignants du second degré.

170114-enseignementL’outremer trouve bien évidemment sa place dans cette loi d’orientation mais Saint-Martin et ses spécificités linguistiques semblent ne pas avoir été identifiés : “Les langues d’origine enseignées dans le système éducatif dans les outre-mer sont le créole – dans ses différentes composantes –, le tahitien, les langues amérindiennes de Guyane, les langues mélanésiennes de Nouvelle-Calédonie, le wallisien et le futunien à Wallis-et-Futuna.”

Voilà qui nous renvoie à un lot de sempiternelles questions à différents niveaux : que faut-il faire pour que Saint-Martin puisse être intégrée au niveau de la législation nationale et que souhaite-t-on vraiment à Saint-Martin, un enseignement bilingue en anglais ou l’intégration de l’anglais saint-martinois et de la culture saint-martinoise dans l’enseignement ?

Concernant la première question, il semble que nous ayons à ce niveau manqué le rendez-vous des états généraux de l’Outremer sur la thématique des langues. Ces états généraux, rapportés à Saint-Martin et aux langues, sont synthétisés dans une fiche très sommaire et dont on est en droit de se demander quelle vocation elle peut bien avoir et quelle portée on veut bien lui concéder.

170114-etatsgenerauxA l’issue de ces Etats Généraux donc, il fût élaboré en 2012 “un schéma d’accompagnement à la valorisation de l’enseignement des langues d’origine dans les outre-mer” (schéma par ailleurs introuvable). C’est à ce niveau qu’il nous aurait été nécessaire d’effectuer un travail de lobbying fort pour défendre auprès de l’état la reconnaissance de la langue saint-martinoise. Car tant que cette langue n’intègrera pas la liste très fermée des langues de France, il n’est pas de clef de développement de son enseignement et de la culture qu’elle véhicule.

Le Ministère prévoit par exemple de diffuser aux élus une plaquette d’information sur l’ensemble des langues de France, diffusée par les académies, et présentant les possibilités en matière d’enseignement des langues régionales : mais que va bien pouvoir diffuser l’académie de Guadeloupe aux élus de Saint-Martin dont la langue n’est pas reconnue ?

Concernant la seconde question, elle est éminemment politique et malgré les larges espaces ouverts au sujet sur le territoire depuis des années, il n’est pas de réponse claire apportée par les élus quelle que soit leur appartenance politique : souhaitent-ils un enseignement bilingue français/anglais ou bilingue français/saint-martinois plus à même de porter en son sein une part de cette culture qui se dissout inexorablement ? Voilà un beau sujet de société qui pourrait permettre d’utiliser le Chapitre III de la Loi Organique (

  Loi Organique - Saint-Martin - 22 février 2007 (322,7 KiB, 507 hits)

) intitulé : “Consultation des électeurs”… à notre humble niveau, nous nous attacherons très rapidement à vous sonder, chers lecteurs, sur le sujet.


Inventaire des langues de France

France métropolitaine

Langues régionales : alsacien, basque, breton, catalan, corse, flamand occidental, francique mosellan, francoprovençal, langues d’oïl (franc-comtois, wallon, champenois, picard, normand, gallo, poitevin-saintongeais [dans ses deux variétés : poitevin et saintongeais], lorrain, bourguignon-morvandiau), occitan ou langue d’oc (gascon, languedocien, provençal, auvergnat, limousin, vivaro-alpin).
Langues non-territoriales : arabe dialectal, arménien occidental, berbère, judéo-espagnol, romani, yiddish.

Outre-mer

Zone caraïbe : 
Créoles à base lexicale française : guadeloupéen, guyanais, martiniquais ; 
Créoles bushinenge de Guyane (à base lexicale anglo-portugaise) : saramaca, aluku, njuka, paramaca ; 
Langues amérindiennes de Guyane : galibi (ou kalina), wayana, palikur, arawak (ou Iokono), wayampi, émerillon ; 
Hmong.
Réunion : créole réunionnais (à base lexicale française).
Nouvelle Calédonie : vingt-huit langues canaques.
Grande terre : nyelâyu, kumak, caac, yuaga, jawe, nemi, fwâi, pije, pwaamei, pwapwâ, langue de Voh-Koné, cèmuhi, paicî, ajië, arhâ, arhö, ôrôwe, neku, sîchë, tîrî, xârâcùù, xaragurè, drubéa, numèè ; 
Iles Loyauté : nengone, drehu, iaai, fagauvea. 
Polynésie française : tahitien, marquisien, langue des Tuamotu, langue mangarévienne, langues des Iles Australes : langue de Ra’ivavae, langue de Rapa, langue de Ruturu. 
Iles Wallis et Futuna : wallisien, futunien.
Mayotte : mahorais, malgache de Mayotte.

La langue des signes française (LSF)

Utilisée traditionnellement par des citoyens français, c’est aussi une langue de France.

Igor Rembotte
Par Igor Rembotte 17 Jan 2014 14:27