Qu’est-ce que l’OECS ?
Créée en juin 1981 par le traité de Basseterre, l’OECS se pose comme l’institution de substitution à la Grande Bretagne auprès des états caribéens devenus indépendants afin de soutenir leur développement. Ainsi le traité signé par sept états de la Caraïbe vise à la coopération et à l’entraide entre les membres de l’organisation. Cette coopération s’entend en termes économiques, commerciaux et fiscaux notamment, mais également vis-à-vis de la santé, de l’éducation, de l’environnement et du tourisme…
Regroupant aujourd’hui neuf pays et dépendances des Antilles de l’Est, l’OECS est un outils de coopération entre les Etats membres au niveau régional et international, avec plusieurs objectifs affichés :
Ses domaines d’activité prioritaires sont actuellement le commerce, le transport, le tourisme durable et la gestion des catastrophes naturelles.
L’adhésion de la Martinique à l’OECS
L’adhésion de la Martinique trouve sa source dans la 54ème rencontre de la Haute Autorité de l’OECS en janvier 2012 durant laquelle les régions de Guadeloupe et Martinique ont demandé à rejoindre l’organisation. En amont, en novembre 2011, l’Etat Français annonçait “la possibilité pour les collectivités territoriales de l’outre-mer d’adhérer aux organisations régionales de leur environnement géographique”, la porte était ouverte…
Le 12 juin 2012, l’OECS déclarait accepter la candidature de l’adhésion de la Martinique en tant que membre associé de l’organisation. Et les négociations techniques entre la Commission de l’OECS et les équipes régionales martiniquaises ont débuté en mars 2013 pour aboutir à un projet d’accord précisant les secteurs de coopération retenus suivants :
C’est sur ces termes que ce 4 février 2015, la Martinique entre dans l’histoire en devenant membre associé à l’OECS, une union rassemblant déjà 635 000 personnes. C’est la première fois qu’un territoire sans lien ni passé anglais, et francophone de surcroît, rejoint l’OECS en tant que membre. La France était présente dans cette zone, mais dans un cadre circonscrit à la Coopération. De même, l’adhésion de la Martinique comporte certaines limites intrinsèques à son appartenance à la République française.
Quels impacts et retombées ?
Déjà très active dans la région en termes de coopération, notamment au travers des outils européens, la Martinique poursuit ainsi sa stratégie de développement vers l’extérieur et de positionnement en tant que hub. Loin d’être un simple accord de forme ou de principe, l’adhésion de la région française à l’organisation régionale s’appuie déjà sur des projets fermes et entérinés tels que :
Voilà quelques exemples concrets de “l’usage” que fera la région Martinique de son nouveau statut. Tel que l’indique le président de région, Serge Letchimy : “Après les adhésions à la CEPALC et à l’Association des États de la Caraïbe (AEC), l’officialisation de l’adhésion à l’OECS sera un pas supplémentaire, un événement historique pour la construction de notre identité caribéenne.” La Martinique poursuit ainsi tranquillement son développement sur une voie qu’elle a choisi caribéenne… et européenne (si l’on en croit les chiffres de la programmation et de la consommation de fonds européens de la région Martinique).
Et nous, et nous, et nous ?
Idéalement située géographiquement, binationale, anglophone, dollar-friendly… Saint-Martin / Sint Maarten ne fait pas partie d’une telle organisation alors même que les analogies avec les territoires membres et les opportunités ne sont plus à démontrer. Pourquoi ?
Il faut savoir qu’en 2001, Sint Maarten s’intéressait déjà à ses possibilités d’adhésion qu’elle envisageait même de coupler avec celles de Saba. En ce sens, ces deux îles ainsi que Saint Eustache participent au Conseil des Ministres du Tourisme de l’organisation en tant qu’observateurs. Saint-Martin a bénéficié de ce même statut en 2013 lors du Conseil des ministres du tourisme qui se déroulait à Anguilla.
Cet intérêt, qui semble réciproque, continue à s’exprimer au travers notamment de quêtes de synergies commerciales. Ainsi, une délégation de l’OECS était à Saint-Martin en octobre dernier afin d’étudier avec les chambres de commerce des deux parties de l’île les opportunités d’échanges commerciaux et de transferts de savoir faire.
Lorsque l’on regarde le laps de temps mis par la Martinique pour atteindre son objectif, devons-nous mettre les délais locaux sur le compte de notre évolution statutaire, des nécessaires rattrapages sans parler de nos instabilités politiques de part et d’autre ?
Et dans le même ordre d’idée, si l’on se souvient que l’actuel président de la région Martinique avait d’abord milité pour le 74 avant de s’y opposer, si l’on pose Saint-Martin comme un exemple observé depuis les strates antillaises, ne peut-on se demander si la stratégie martiniquaise, au-delà d’avoir bien identifié les leviers tant européens que régionaux, n’est pas de les mettre à profit pour préparer son autonomie… les boeufs avant la charrue ? Serge Letchimy ne disait-il pas en 2010 : “notre NON à l’article 74 sera le point de départ d’un processus d’autonomisation sérieux et responsable !”