“Il doit y avoir un avant et un après 11 janvier 2015”
Cette tribune émane de 77 députés, sénateurs et autres élus UMP, dont une grande part sont des soutiens de Jean-François Copé, l’ancien président du parti (liste intégrale à la fin du texte).
« Nous, responsables politiques, avons aujourd’hui un seul devoir : être à la hauteur des espérances manifestées ce dimanche par le peuple de France qui a crié dans nos rues « Liberté, fraternité et plus jamais ça !». Il doit y avoir un avant et un après 11 janvier 2015.
Rien ne serait pire que de se contenter de symboles et de mots. Il faut agir maintenant. Agir vite et fort pour éradiquer le terrorisme islamiste. Le diagnostic est connu mais, jusqu’à présent, c’est le déni de réalité qui l’avait emporté. Après les tueries de Montauban et Toulouse, le « rien ne sera jamais plus comme avant ! » était déjà proclamé… Ne le nions pas : cette barbarie moderne est l’enfant des dérives sectaires du fondamentalisme islamiste et de la démission de la République depuis quarante ans.
Affaiblissement de la laïcité, recul de l’autorité de l’Etat, abandon des quartiers, faillite de l’intégration, immigration non maîtrisée, atteintes à l’égalité homme-femme, professeurs livrés à eux-mêmes et parents déresponsabilisés… C’est ainsi que, dans certaines écoles, des élèves ont refusé de prendre part aux hommages aux victimes ou, pire, se sont livrés à l’apologie des crimes terroristes.
Le laxisme généralisé est l’une des causes directes de l’explosion du djihadisme en France. Ce diagnostic, certains responsables de notre famille politique ont déjà eu le courage de le poser malgré les anathèmes du « politiquement correct ». Nous, parlementaires de l’UMP, nous nous sommes ainsi battus, y compris au sein de notre propre famille politique, pour imposer la loi d’interdiction du port de la burqa dans l’espace public. Le débat de l’UMP sur la laïcité en 2011 avait apporté des réponses à nombre des questions qui se posent aujourd’hui. Quel torrent de critiques caricaturales n’avions-nous pas déclenché à l’époque ? Ces polémiques paraissent pourtant bien futiles à l’égard de l’ampleur du drame que nous affrontons. Notre tort est peut-être d’avoir eu raison trop tôt.
Qu’importe, il faut avancer. Prenons nos responsabilités et passons à l’action. Cette guerre contre le terrorisme se gagnera sur le long terme en changeant notre politique sur deux fronts : intérieur et international. A ce stade, nous devons ainsi honorer au moins trois rendez-vous prioritaires.
Premier rendez-vous : l’affirmation de la laïcité. Nous défendons l’idée d’un Code de la laïcité qui établisse précisément les règles en matière de pratique des religions. Le premier ministre doit donner des instructions fermes pour mettre fin aux dérives constatées dans l’Education nationale. Les questions des ingérences étrangères dans la construction des lieux de culte, de la pratique religieuse au travail, de l’enseignement de l’Histoire à l’école doivent par exemple être définitivement réglées. L’école doit être la priorité absolue de la reconquête de l’esprit républicain. C’est l’avenir même des jeunes de France qui est en jeu. Et, ne le nions pas, l’islam de France, comme l’ensemble de nos compatriotes de confession musulmane, doit s’approprier la loi de 1905. Chacun doit prendre toute sa part au respect collectif et individuel de la laïcité.
Deuxième rendez-vous : la guerre contre le terrorisme sur notre sol. Nous sommes favorables à une loi précise, concrète, applicable au plus vite, qui préserve nos libertés, tout en permettant d’être intraitable avec les barbares. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! Notre renseignement intérieur manque de moyens financiers et juridiques. Cela ne peut durer.
Il faut aussi construire les 20 000 places de prison qui manquent à notre pays. Cela permettrait à la fois d’éviter la radicalisation en milieu carcéral et d’en finir avec les remises de peine automatiques ou les libérations conditionnelles qui décrédibilisent l’autorité de l’Etat. Que faire contre les prédicateurs intégristes qui, en relais de certains sites Internet, transforment des jeunes parmi les plus fragiles en criminels ? Symboliquement, la déchéance de la nationalité, qui existe déjà dans notre droit, doit être appliquée : un terroriste qui possède plusieurs nationalités n’a pas vocation à rester français.
Enfin, la question juridique de l’interdiction de séjour en France de toute personne identifiée au terrorisme international doit être tranchée.
Troisième et dernier rendez-vous : l’international. La coopération européenne et mondiale a montré des failles dans lesquelles le djihadisme ou le cyberterrorisme se sont engouffrés. Plus que jamais la question de la sécurisation de l’espace Schengen doit être mise sur la table. Et que dire de notre politique internationale, notamment dans le monde arabo-musulman ? Il apparaît aujourd’hui que nous avons armé en Syrie des djihadistes qui ont ou vont retourner leurs armes contre nous ! Il faut poser la question de nouvelles alliances pour vaincre le terrorisme, sans oublier l’exigence d’un engagement beaucoup plus fort des Etats européens.
Nous sommes à un tournant de notre histoire. Ou bien nous réagissons avec force, ou bien nous subirons, pour des années encore, la violence obscurantiste de ces fanatiques. Notre pays a eu trop souvent la passion de la division. Il nous appartient, par la vigueur de notre action, d’éviter pour l’avenir une fracture de notre communauté nationale. C’est maintenant que tout commence… »