EDITO: BTP… décryptage

Igor Rembotte
Par Igor Rembotte 6 Mar 2013 12:21

EDITO: BTP… décryptage

Un petit gout de déjà vécu à plusieurs niveaux planait autour de cette réunion initiée par le BTP hier à la CCISM, comme le souligne Yves Kinard dans sa chronique du jour.

Pour ceux qui aiment à se souvenir, le même type de meeting s’était déjà tenu en 2011 et avait abouti à deux opérations “escargot“ menées à Marigot, action toute symbolique qui n’avait pas su à l’époque emporter la population dans un mouvement de plus grande ampleur.

Pour ceux qui aiment à se souvenir encore plus loin, la CCISM avait aussi cristallisé les opposants a la TGCA en 2008 aboutissant cette fois à l’explosion de la majorité de l’époque, à la constitution du groupe UD emmené par Daniel GIBBS, aujourd’hui député et, enfin, à la naissance d’SXMinfo.

Force est de constater, qu’ici encore, c’est bien l’UD qui brillait par sa présence et remplissait en cela son rôle d’opposant à la gouvernance en place.

L’axe retenu et défendu par les représentants du BTP est encore une fois de trouver le moyen de ramener l’état à la table des négociations vis à vis de la dotation de compensation des charges liées au transfert de compétences. Cet axe est logiquement retenu en ce que chacun sait la Collectivité exsangue et que le discours est appuyé sur un chiffre clé : pourquoi l’état dote un Guadeloupéen de 5400 € euros par an pendant qu’il dote un Saint-Martinois de 690 euros.

Leur position est aujourd’hui simple et forte de deux années de médiation et de rencontres avec les élus locaux, les élus nationaux, la représentation de l’état, la ministre de l’outre-mer en poste en 2011 : rien n’a pu faire bouger les lignes, l’alerte émise en 2011 n’a été entendue nulle part.

Dès lors, il s’agit bien de trouver le moyen de fédérer la société civile, les autres corporations pour que le message soit enfin entendu et que Saint-Martin puisse jouir de ce qui semble à juste titre réclamé : une dotation qui soit en phase avec nos réalités, idée vainement défendue par nos élus depuis que les conclusions de la commission en charge de ce délicat point ont été rendues publiques.

Position de prime abord non partagée par notre député qui, aujourd’hui plus au contact de Paris, estime que l’aide ne peut venir de l’état, et ni même de l’Europe, eux-mêmes exsangues. Si le Député Daniel Gibbs semble partager les vives inquiétudes des entrepreneurs, il projette une solution d’un autre type qui passe par la responsabilisation de la Collectivité dans ses deux gouvernances et repose sur l’incapacité de nos élus passés et présents à assumer les nouvelles responsabilités et opportunités qu’offrent l’évolution statutaire : une fiscalité inadaptée à l’investissement privé, une fiscalité trop instable pour rassurer l’investisseur, une fiscalité posée sans perspective à long terme.

Banderolle-2011

Un retour cohérent aux thèmes de campagne défendus par le leader de la Team Daniel GIBBS dans le cadre de son opposition à la première mandature et des élections territoriales de 2012.

Deux visions semblaient donc s’affronter hier avec un objectif commun, trouver les leviers de la nécessaire redynamisation de l’économie de notre territoire. Ces visions ne sont-elles pas plutôt complémentaires et conjointement nécessaires pour “performer“?

Un constat global s’impose toutefois : il semble bien que nous soyons réellement face à notre destin puisqu’il est aujourd’hui quasiment imposé à la société civile et aux initiatives privées de prendre le relais ou de contourner des politiques et des mécanismes administratifs dont la crise que nous traversons prouve bien les limites.

Sur un autre plan, il n’est néanmoins pas illégitime que de se poser la question suivante : que pèse le destin de Saint-Martin et de ses 40 000 habitants face à 65 millions d’autres français en prise avec des réalités européennes, politiques, sociales et économiques tout aussi amères?

I. REMBOTTE

Igor Rembotte
Par Igor Rembotte 6 Mar 2013 12:21