Guadeloupe, Martinique : Panorama du Football Antillais

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Par Autre 29 Août 2012 03:44

Guadeloupe, Martinique : Panorama du Football Antillais

Les Antilles ont vu beaucoup de leurs enfants devenir des footballeurs réputés. Terres traditionnelles de ballon rond, la Martinique et la Guadeloupe sont tiraillées entre appartenance à la France et volonté de développement d’un football du cru. Entre championnats locaux faibles et jeunes talents partis tôt pour la Métropole, entre sélections de Martinique, de Guadeloupe et de France, le football ultra-marin ne sait pas trop sur quel pied danser. Analyse de l’histoire et de l’état actuel du football d’Outre-mer, si riche en talent.

DES CHAMPIONNATS AMATEURS ET TRÈS LIMITÉS

Amputés de leurs meilleurs éléments, d’un niveau amateur à des années-lumière de la Ligue 1, dotés de structure désuètes, les championnats de Martinique et Guadeloupe font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. Juventus de Sainte-Anne, Siroco des Abymes, Essor-Préchotain ou encore les Golden Lion: ces noms feront plus sourires qu’autre chose en Métropole. Car si ces clubs ne vous disent surement rien, ils évoluent pourtant à l’échelon le plus élevé de leur championnat, organisé par les Ligues de Guadeloupe et de Martinique. D’un niveau DH, ces compétitions, que l’on assimile aux Championnats de Guadeloupe et de Martinique, se disputent dans la totale indifférence de l’Hexagone. Évidemment car ces matchs se disputent à presque 7000km de Paris, mais surtout car les clubs qui terminent en tête ne montent pas de division (en l’occurrence en CFA2), se contentant du titre honorifique de Champion de leur DOM.

Ainsi, les équipes locomotives comme l’Étoile de Morne-à-l’Eau ou le Club Franciscain ne peuvent donc qu’espérer accrocher un maximum de titres dans les compétitions locales et bien figurer en coupe de France et dans les différentes coupes de cette région du Monde.

Oui, en coupe de France, car le meilleur club du 971 et du 972 rentre au 7e tour de l’épreuve nationale. Et en regardant les performances antillaises dans la doyenne des compétitions françaises, les clubs de Martinique s’en tirent mieux. Car si aucun club n’a dépassé les 1/32e de finale, elle cumule 11 qualifications (tours franchis) contre 6 pour la Guadeloupe. Signalons également les 4 exploits martiniquais contre des clubs de divisions 2 (Club Peléen en 81, JA Trénelle en 87 et Club Franciscain en 83 et 93) pour un seul guadeloupéen (CS Moulien en 81).

Supériorité également flagrante lorsque l’on regarde le palmarès de la Ligue Antilles (compétition créée en 2003 réunissant les 4 meilleurs clubs guadeloupéens et les 4 meilleurs clubs martiniquais), squatté exclusivement par des clubs de “l’île aux fleurs”. Pareil pour le Trophée des clubs champions des Antilles-Guyane, créé en 2009, qui a vu triomphé 2 clubs martiniquais et 1 guadeloupéen. La Ligue des Champions de la CONCACAF elle ne s’est jamais offerte à un club antillais mais le 972 y a placé 3 clubs en demi-finale (RC Rivière-Pilote en 1989, L’Aiglon du Lamentin en 92 et US Robert en 94) pour un seul du 971 (CS Moulien en 95).

Autre signe inquiétant concernant le championnat de Guadeloupe, sur les 14 équipes engagées pour la saison 2012-13 on ne compte aucun club de la capitale économique Pointe-à-Pitre et le champion en titre n’est autre que le représentant des Saintes, archipel certes paradisiaque mais minuscule.

Mais les 2 championnats ont tout de même vu récemment les débuts de futurs pros comme Piquionne, Coridon, Rambo, Bocaly, Chimbonda, Zubar ou…Tino Costa l’Argentin du FC Valence passé par Basse-Terre!

AVANTAGE MARTINIQUE POUR LES CLUBS, GUADELOUPE POUR LES SÉLECTIONS

Outre leur championnat, Guadeloupe et Martinique possèdent également leur propre sélection (nationale? régionale? ce n’est qu’une question de sémantique). En effet, si Gwada Boys et Matinino ne sont pas reconnus internationalement, ces sélections participent régulièrement à des matchs amicaux, aux compétitions caribéennes et surtout à la Gold Cup organisée par la confédération CONCACAF. Rappelons que n’étant pas affiliés à la FIFA, les clubs européens n’ont aucune obligation de libérer les joueurs appelés pour leur sélection. Pour la Gold Cup, il est également possible de faire joueur un ancien international français si son dernier match en Bleu date d’il y a plus de 5 ans. Ainsi, s’ils en ont le cœur et l’envie, des joueurs comme Sylvain Wiltord ou Mikaël Silvestre pourraient désormais jouer pour “l’Ile Papillon” et suivre ainsi la voie ouverte chez leur voisin par Angloma et Chimbonda. Même si ses équipes jouent le rôle de porte-drapeaux de leur ile à la face du monde, elles se veulent apolitiques, sans considérations indépendantistes contrairement à l’équipe de Catalogne par exemple.

Si on a vu que les clubs martiniquais sont plus performants que ceux de leur voisin guadeloupéen, le rapport de force s’inverse concernant les sélections.

Point de vue palmarès, si la Martinique a remporté la coupe de l’Outre-mer 2010 et la Shell Carribean Cup 1993, titres mineurs, la Guadeloupe peut elle s’enorgueillir de sa finale en Coupe de la Caraïbe 2010 et surtout de sa place de demi-finaliste à la Gold Cup 2007 aux Etats-Unis. Lors du tournoi le plus relevé de cette région du globe, la bande à Angloma bat le Canada et le Honduras pour ne céder que face à l’ogre Mexicain en demi. Performance inégalée à ce jour.

Les récentes confrontations directes entre “Gwada” et “Madinina” dessinent là aussi une certaine domination des premiers. En effet, sur les 10 derniers matchs on compte 1 nul, 6 victoires guadeloupéennes et 3 martiniquaises.

Les raisons de ces réussites contraires entre clubs et sélections de ces 2 DOM peuvent peut-être s’expliquer par les politiques sportives adoptées. Si la Guadeloupe fait allégrement appel aux professionnels né en Métropole (actuellement Jovial, Tacalfred, A.Capoue, Socrier) pour représenter sa sélection, la Martinique mise elle plus sur les jeunes du cru et les joueurs du championnat local (à l’exception de rare pro “métropolitain” comme Éric Boniface ou Éric Sabin). Les joueurs qui ont gouté aux joutes internationales font ainsi bénéficier à leur club de cette expérience augmentant mécaniquement le niveau du championnat local.

APPORT HISTORIQUE A L’ÉQUIPE DE FRANCE

Depuis 1954 et Louis Xercès -1er antillais sous le maillot Bleu- Martinique et Guadeloupe ont fourni nombre de joueurs importants à l’Équipe de France, principalement des défenseurs et des attaquants, nés aussi bien en Métropole qu’Outre-mer. Pour l’arrière-garde on citera notamment: Marius Trésor, Gérard Janvion, Luc Sonor, Jocelyn Angloma, Lilian Thuram, les cousins Silvestre, Gallas ou Abidal; et pour l’offensive: Thierry Henry, Nicolas Anelka, Bernard Diomède, Sylvain Wiltord, Steve Marlet, Louis Saha ou Loïc Rémy.

Parmi les natifs ultra-marins, on retrouve trois des plus grands défenseurs de l’histoire de la sélection, des leaders charismatiques des 2 seules générations victorieuses de l’Equipe de France (82-86 et 98-2000): Gérard Janvion (né à Fort-de-France), Marius Trésor (Sainte-Anne) et Lilian Thuram (Pointe-à-Pitre). Ce dernier a également le record de sélection avec pas moins de 142 capes, juste devant…Henry et son total de 123 (également meilleur buteur sous le maillot frappé du coq)!

De Xercès à Rémy, en passant par Trésor et Thuram

Pour rendre hommage à la contribution de l’Outre-mer aux Bleus, la FFF décide pour la 1ere fois d’organiser un match de la sélection nationale en Martinique en 2005, contre le Costa-Rica. La Guadeloupe accueillera elle les féminines en 2011 pour le match des Bleues contre l’Uruguay.

DÉTECTION DES MEILLEURS JEUNES PAR LA MÉTROPOLE

Le succès de ces individualités poussent les centres de formation de la Métropole à s’intéresser aux jeunes footballeurs antillais, dont le portrait-robot en fait une cible privilégiée.

Insulaire (“profil-type” recherché par les centres, cf. le taux de recrutement également très élevé en Corse ou à la Réunion), jeune (24% des Guadeloupéens de 10-15 ans sont licenciés, 32% des Martiniquais, un record), obligé de quitter l’île pour espérer devenir professionnel et bénéficier de structure de haut niveau: la Métropole a toute les raisons de puiser dans le réservoir d’Outre-mer.

Pour faire venir les meilleurs éléments, plusieurs stratégies sont mises en place par les clubs pros. On retrouve chez certains d’entre eux une cellule de recrutement qui scrute les pépites avec souvent à leur tête une ancien gloire locale, comme par exemple Janvion pour St-Etienne.

Plus efficace et enraciné, le partenariat avec un club local est privilégié. Le meilleur exemple étant celui passé entre Caen et le Red Star de Pointe-à-Pitre. Le club normand a ainsi pu recruter 4 joueurs guadeloupéens pour son centre de formation entre 2002 et 2007 et ainsi faire éclater des joueurs comme Ronald Zubar ou Livio Nabab. Montpellier est lui le seul club à avoir un partenariat avec un club de Guadeloupe et un de Martinique.

On mentionnera également d’autres initiatives comme la présence des meilleures jeunes des DOM-TOM à la coupe nationale des 14 ans à Clairefontaine ou la mise en place d’un centre de formation aux Abymes en 2003 et à Fort-de-France en 2005.

Et même si l’éloignement géographique ne facilite pas la tâche, le “mythe” encore bien présent associant migration vers la Métropole avec réussite sociale, ainsi que le désir des jeunes ultra-marins à devenir pro prouve que l’axe Antilles-Métropole à encore des beaux jours devant lui.

UN AVENIR EN POINTILLÉ

Tant qu’il sera intimement lié à celui de l’Hexagone, l’avenir du football antillais n’offriras pas de perspectives ambitieuses. Seul une reconnaissance des Ligues de Guadeloupe et de Martinique comme “indépendantes” pourrait permettre une croissance future avec pourquoi pas une possible qualification pour une Coupe du Monde, simple utopie pour l’instant. Encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions, ce qui n’est pas gagné en l’état, même si les talentssontabondants. Ce qui est déjà un petit miracle pour des départementsà lapopulation de l’ordre de celle de la Savoie ou de la Dordogne et une superficie équivalente à celle du Val d’Oise…

par http://www.kaiserben.com Football/Rap Français : l’Opium du Peuple

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