Saint-Martin et Saint-Barthélemy : Une délinquance en baisse

Octavi de Lloà
Par Octavi de Lloà 20 Juil 2016 19:43

Saint-Martin et Saint-Barthélemy : Une délinquance en baisse

Le 27 juin dernier, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et la ministre de l’Outre-mer, George Pau-Langevin, ont présenté le Plan Sécurité Outre-mer destiné à renforcer la lutte contre la délinquance dans ces territoires.

« Si on compare le niveau de nombres de faits que nous avons à l’année par rapport à la population, nous sommes dans une situation d’une délinquance élevée », Anne Laubies, préfète de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin.

« Si on compare le niveau de nombres de faits que nous avons à l’année par rapport à la population, nous sommes dans une situation d’une délinquance élevée », Anne Laubies, préfète de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin.

Ce mercredi matin, la préfète de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin a présenté la déclinaison de ce Plan de Sécurité pour les îles du Nord.

Cette réunion, à laquelle participaient également le capitaine de gendarmerie Emmanuel Maignan et le commandant de la police aux frontières (PAF) Jean-Luc Deras, a été l’occasion de faire le point sur la situation de la délinquance sur les deux territoires.

Ces 15 dernières années, la compagnie de gendarmerie a enregistré chaque année, à Saint-Barthélemy et Saint-Martin, entre 3600 et 4000 crimes et délits. « En 2004, nous étions en dessous de la barre des 3500. Depuis 2004 on a toujours été au-dessus de cette barre, sauf en 2014 où l’on s’est retrouvé en dessous de 3500 crimes et délits », affirme le capitaine Maignan, « pendant 10 ans, on a eu une forte délinquance. Depuis 2014, et c’est bien parti pour 2016, on se trouve en dessous des 3500 crimes et délits ».

En 2014 la gendarmerie a constaté 3421 crimes et délits, alors qu’en 2015 les chiffres ont baissé pour arriver à 3400. L’officier en second du commandant de compagnie précise que « à la date du lundi 18 juillet, nous avons 14,2 % de diminution de la délinquance depuis le début de l’année, comparé à la même période pour l’année 2015, soit 279 crimes et délits en moins ».

Retour aux statistiques de la fin des années 90

Le capitaine Maignan considère que « depuis trois ans, on est sur une tendance qui est bonne, voire très bonne et l’on retrouve les chiffres de la fin des années 90, début 2000 ».

En 2014 et en 2015, il y a eu 8 homicides, « nous en sommes aujourd’hui à 6, dont 3 en 10 jours ». Les tentatives d’homicide sont en nette baisse, puisqu’en 2014 il y en avait eu 26, 14 en 2015, et pour cette première moitié de l’année, il n’y en a eu que quatre.

« Depuis le début de l’année, sur Saint-Martin, on a procédé à 273 interpellations d’étrangers en situation irrégulière », Jean-Luc Deras, commandant le service de la PAF à Saint-Martin.

« Depuis le début de l’année, sur Saint-Martin, on a procédé à 273 interpellations d’étrangers en situation irrégulière », Jean-Luc Deras, commandant le service de la PAF à Saint-Martin.

L’année 2014 a connu « un triste record » avec 137 VAMA (Vol à main armée), 2015 a connu une légère baisse avec 114 VAMA, « actuellement, sur les sept premiers mois de l’année, on est à 62 % de moins, c’est-à-dire 30 VAMA. L’an dernier, pour la même période, on en avait 79 ».

Nette baisse des cambriolages, puisque pour cette année il y en a eu 51,2 % de moins que pour la même période en 2015, soit 129 cambriolages de moins. Par ailleurs, le taux d’élucidation des affaires est de l’ordre de 53,5 % depuis le début de l’année, alors que l’année dernière il était de 43 %, et qu’en métropole la moyenne du taux d’élucidation est de 35 %.

La fraude documentaire en hausse

Bien que les chiffres présentés par le capitaine Maignan soient bons, « ça ne veut pas dire qu’on n’a pas une délinquance élevée », affirme la préfète Anne Laubies, « si on compare le niveau de nombres de faits que nous avons à l’année par rapport à la population, nous sommes dans une situation d’une délinquance élevée (…) Il est évident qu’avec trois homicides en un temps extrêmement limité, ça frappe les gens… ».

Du côté de la PAF, il semblerait que les chiffres doivent être impérativement à la hausse. « Depuis le début de l’année, sur Saint-Martin, on a procédé à 273 interpellations d’étrangers en situation irrégulière. L’an dernier, à la même époque, on était à 241 », selon le patron de la PAF, Jean-Luc Deras.

Concernant le trafic de migrants, 7 réseaux ont été démantelés, comme pour la même période en 2015. Le commandant Deras constate que la fraude documentaire « augmente singulièrement (…) On est à 24 procédures de fraude documentaire, alors que l’année dernière on en avait 13 ».

Le commandant est quelque peu désappointé par les résultats de la lutte contre le travail illégal, « on a une baisse d’activité, mais qu’on va essayer de rattraper à la fin de l’année (…) On n’a que 8 procédures depuis le début de l’année, alors qu’on en avait 17 l’année dernière pour la même période », mais « on va se recentrer d’ici à la fin de l’année sur le travail illégal ». Le responsable de la PAF à Saint-Martin souligne que depuis le début de l’année il y a eu 92 reconduites à la frontière.

« Nous devons forcément travailler avec nos collègues de la partie hollandaise. Nous devons également travailler avec l’ensemble de la zone, notamment avec Anguilla », Anne Laubies, préfète de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin.

« Nous devons forcément travailler avec nos collègues de la partie hollandaise. Nous devons également travailler avec l’ensemble de la zone, notamment avec Anguilla », Anne Laubies, préfète de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin.

Développer la réserve opérationnelle

La préfète estime que le niveau de délinquance à Saint-Martin est dû, en partie, à l’environnement régional, « nous ne pouvons pas travailler tout seul dans notre coin. Nous devons forcément travailler avec nos collègues de la partie hollandaise. Nous devons également travailler avec l’ensemble de la zone, notamment avec Anguilla ».

La coopération régionale est un axe de travail que la préfète souhaite développer, « de façon à avoir des échanges d’informations, qu’on n’a pas forcément avec l’ensemble des pays de la zone ».

La représentante de l’Etat est « persuadée que la sécurité c’est l’affaire de tous » et souhaite développer ce qu’on appelle la réserve opérationnelle. « Actuellement, nous n’avons pas, ou peu, de gens sur notre réserve opérationnelle. Forcément à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy on a des anciens gendarmes, des anciens policiers, des anciens militaires ou des gens qui seraient intéressés de participer à la sécurité de notre territoire ».

La préfète Laubies a annoncé le lancement prochain d’une campagne de communication, avec la participation de la gendarmerie et de la PAF, pour essayer de susciter des intérêts pour la réserve opérationnelle.

Le capitaine Maignan a précisé que les personnes, intéressées par la réserve opérationnelle, peuvent se renseigner auprès des brigades de Quartier d’Orléans et de Concordia, où toutes les informations leur seront fournies sur les conditions d’admission.

Illustration Une : « Depuis trois ans, on est sur une tendance qui est bonne, voire très bonne et l’on retrouve les chiffres de la fin des années 90, début 2000 », capitaine Emmanuel Maignan, officier en second de la gendarmerie des îles du Nord.

Octavi de Lloà

 

Octavi de Lloà
Par Octavi de Lloà 20 Juil 2016 19:43