Roye A1 : Y a-t-il encore un état et une justice pour mon ami ?

F.L
Par F.L 29 Août 2015 23:02

Roye A1 : Y a-t-il encore un état et une justice pour mon ami ?

Vous n’avez pas pu ignorer ce fait divers médiatisé en France et dans une bonne partie du monde sur le blocage de l’autoroute A1 par des « gens du voyage. »

Ces derniers réclamaient que le fils d’une des victimes de la fusillade de mardi dernier à Roye, actuellement incarcéré pour vol et voie de fait à la maison d’arrêt d’Amiens, puisse assister sous escorte policière aux funérailles de son père. Bien décidés à se faire entendre, les proches de la famille ont notamment brûlé des pneus sur l’Autoroute A1, rendant la circulation impossible. Ils ont abandonné les lieux Samedi midi, après qu’un juge de la Cour d’appel d’Amiens ait autorisé le jeune homme à quitter provisoirement sa cellule pour lundi à l’enterrement de son père .

L’affaire a très vite pris une ampleur nationale. Outre Les Républicains, le Front national s’est infiltré dans la brèche. “Une fois de plus un gouvernement dépassé, impuissant, indigne !” a twitté sur son compte la blonde du parti frontiste, Marine Le Pen “, ainsi que le vice-président du même camp, Florian Philippot. “Insupportable pour tout le monde, et inadmissible faiblesse de l’état !”
“Roye, en France, les gens du voyage font la loi sur l’A1 : la tyrannie des communautés s’installe et le pouvoir détale, s’attendre au pire…” a pour sa part prévenu le député RBM Gilbert Collard.

De son coté, le député des Républicains Xavier Bertrand a écrit une lettre au Premier ministre. “Je vous demande […] de bien vouloir prendre toutes les dispositions pour que des sanctions exemplaires soient prises à l’encontre des auteurs de ce blocage, et de vous assurer que ceux-ci assurent la réparation de leurs actes”, se demandant “comment un tel blocage a pu être mis en place.”

Joints par l’Express, ni la gendarmerie nationale ni le ministère de l’Intérieur n’ont souhaité faire de commentaires. La rédaction du journal ignore également les consignes données aux forces de l’ordre. Dans la matinée, les militaires confiaient à l’AFP leur impuissance face à la situation. “C’est vrai, il y a du désordre”, observait l’un d’entre eux. Sans blague ! Aucune arrestation. Rien.

L’avocat du fils de l’une des victimes de Roye souhaite qu’on fasse preuve d’humanité. Il demande à ce qu’on n’oublie pas l’aspect tragique de la situation. Son client aurait pu ne pas dire au revoir à son père assassiné. “Si la justice avait été rendue hier soir, l’autoroute n’aurait pas été bloquée. La justice doit être la même pour tout le monde”, plaide Jérôme Crépin sur i télé. Et d’ajouter: “Qu’on ne s’offusque pas de ce qui s’est passé. Les gens du voyage n’expriment pas leur colère mais leur douleur.”

En un mot, détruire le bien d’autrui pour exprimer sa douleur n’est pas puni en France. Comment accepter qu’un état ne soit pas capable de gérer un blocage tel que celui-ci, prenant les français, les touristes, les entreprises, en otages ? Comment comprendre que l’on demande aux uns et aux autres des efforts PERMANENTS et quotidiens tandis qu’il suffit d’être d’une « catégorie spécifique », pour bénéficier de militaires regardant sans broncher une autoroute totalement bloquée par un groupe d’agitateurs marginaux ?

Le premier ministre est-il totalement dépassé ? Le système est tel qu’il serait impossible pour l’état de faire respecter la loi pour peu qu’un trop grand risque de débordements existe ? Notre société est à l’agonie. Asseyez-vous et regardez le spectacle du grand feu, celui où la façade n’est que magouille et beaux costumes pour mieux vous enfumer.

Choqué par ce fait divers, il aura fallu un coup de fil inattendu d’un bon ami de métropole pour que j’écrive ce post.

En effet, cet ami proche, grand compagnon charpentier, fier et fidèle, dur et honnête, veuf depuis 2011, doté d’une grande humilité, a demandé à la justice en juillet dernier un droit de visite pour voir son frère incarcéré à Fresnes depuis mars 2015 pour “non paiement de pension alimentaire”.

Médicalisé, son déplacement est complexe et doit être organisé avec des professionnels. Pour couronner le tout, il ne lui reste seulement que quelque semaines à vivre, « le crabe me bouffe” me dit-il. Évidemment, il souhaite voir une dernière fois son frère. Contre toute attente, le juge a refusé cette visite sous des prétextes non pas liés à la difficulté de son déplacement, mais à cause de “son état psychologique qui pourrait nuire à son frère” ! Actuellement, la demande est en attente du rapport d’expertise psychiatrique de mon ami, demande qui “suit” son cours alors que les jours s’égrainent inexorablement.

Scandalisé par cette affaire de Roye , par téléphone, il m’a lâche ces mots durs entre deux sanglots: “Si je pouvais moi aussi brûler quelques pneus, histoire de voir si ma douleur et celle de mon frère seraient prises en compte par les magistrats, avocats et défenseurs de je ne sais quelle connerie, je le ferais. J’aime mon frère, par dessus tout c’est la seule famille qui me reste. J’aime profondément mes amis, mais je n’aime plus ce siècle fait de politique théâtrale et d’égoïsme, de modes comme “racisme”, “intolérance”. Ces politiques nous mentent et nous manipulent ; ces gens qui sur facebook et ailleurs se prennent pour les défenseurs de merdiers qu’ils ne comprennent même pas, et d’autres donneurs de leçons redresseurs de tords. Vivement la fin… Tu sais, la mort que je sens à l’affût ne me fait pas peur, je l’attends parce que je suis fatigué… à bientôt mon ami…” *

Il a raccroché…

Je n’ai pas rappelé…

* transcription au plus proche que ma mémoire le permet.

F.L
Par F.L 29 Août 2015 23:02