A l’applaudimètre, Saint-Martin s’est affichée très clairement hollandophile et il y avait de quoi !

Igor Rembotte
Par Igor Rembotte 10 Mai 2015 22:41

A l’applaudimètre, Saint-Martin s’est affichée très clairement hollandophile et il y avait de quoi !

A l’échelon national, la plupart de médias analysent le déplacement de François Hollande aux Antilles comme les prémices de la campagne des présidentielle de 2017.

A notre échelon, celui de Saint-Martin, bien malin était celui qui aurait pu deviner de quelle nature allait être l’accueil local. Attention, pas l’accueil des élus et officiels mais l’accueil de la population. Car au niveau des officiels, et en dehors de contraintes présidentielles imposées par l’Elysée ou de celles liées à la sécurité, la Collectivité s’était donné tous les moyens, et l’on sait que cela peut être complexe en période de disette, pour que l’accueil soit à la hauteur de l’évènement… Il ne sera pas dit qu’à Saint-Martin on ne sait pas recevoir…

Mais au regard de nos difficultés, qui ne sont pas moindres depuis le changement de Président et de parti à la tête de la République, au regard aussi de la popularité ou de l’impopularité de François Hollande en métropole et de ce que les réseaux sociaux avaient localement laissé filtrer avant son arrivée, il y avait de quoi être un peu sur les dents quant à la qualité de l’accueil que la population saint-martinoise allait réserver au Président et l’on se doute bien que les services de sécurité, visibles ou moins, étaient à ce titre nombreux et particulièrement attentifs.

Et bien le doute fût rapidement levé puisqu’entre l’aéroport de Grand-Case et la Collectivité la foule s’était massée, sans hostilité aucune bien au contraire. Il y avait un peu partout des drapeaux tricolores et François Hollande a pu couvrir la distance sous des “Président ! Président !” nourris et spontanés, quelques Marseillaises improvisées ont même été entonnées, un enthousiasme populaire dont il n’a pas été témoin depuis bonne date.

Là où, pour des raisons historiques, politiques ou sociétales, nous vivons tous localement et régulièrement, en le partageant ou pas, un certain rejet de la Métropole, de la République ou de ceux qui l’incarnent, il semblerait que la conscience collective ait un vrai respect pour la fonction, pour le Président de la République… à moins que ce ne soit pour l’exceptionnel qui attire la sympathie tant il permet de rompre avec la routine sur un territoire dont le PIB est l’un des plus bas de France.

Quoiqu’il en soit, il n’en fallait pas plus au Président de la République pour retrouver certaines de ses habitudes de campagne à grand coup de serrage de main, de petits mots lancés à la foule, de selfies etc… L’accueil saint-martinois, bien plus chaud que celui vécu quelques heures plus tôt à Saint-Barthélemy, augurait donc bien pour la suite de la tournée antillaise. Il faut dire qu’à Saint-Barth, le pavillon UMP flotte au dessus de la Collectivité, qu’en Guadeloupe et Martinique c’est la Rose qui prédomine… le doute subsistait encore à Saint-Martin, il est maintenant levé. Il faut dire qu’au regard des prestations sociales qui inondent de plus en plus ou de mieux en mieux le territoire, le tout social a pris le dessus sur le tout libéral depuis belle lurette.

C’est avec cette image d’une island plus que jamais friendly que le Président de la République, François Hollande, accompagné de 4 ministres, Ségolène Royal, Christiane Taubira, George Pau-Langevin et Annick Girardin, et de Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, sont repartis vers d’autres cieux. Pas de tomates, pas de cortège de gens habillés “Fucking Island”, pas de couac… François Hollande, c’est un peu l’éponge magique et son “On ne va jamais pouvoir repartir !” restera ici historique… il est pourtant bien reparti non sans quelques annonces, bien évidemment :

  • Promouvoir la francophonie dans la caraïbe
  • Meilleure mise à disposition de l’administration pour ce qui relève du recouvrement de l’impôt
  • Mise en place sans délais (dès le 15 mai) des codes Natinf dédiés à Saint-Martin (verbalisation et  effective des défauts d’immatriculation)
  • Appui technique pour la mise à jour du cadastre (et l’on sait la problématique liée au statut foncier à Saint-Martin)
  • Ré-examen de la compensation des charges nouvelles relevant de l’évolution statutaire et du transfert de compétences
  • Possibilité d’adaptation des règles relatives à l’attribution du RSA
  • Dette RSA 30 Millions d’euros : dette ré-échelonnée pour ne pas handicaper l’avenir
  • Insécurité : meilleur contrôle de l’immigration, présence des gendarmes mobiles renforcée (dès juillet-août), chambre détachée du TGI de Basse-Terre (décret en juillet, chambre opérationnelle en janvier 2016)
  • Création d’un foyer éducatif
  • Campus langues étrangères dédié à l’excellence en la matière (Ministère de l’éducation nationale)
  • Création d’une section d’hôtellerie d’excellence
  • Appel aux investisseurs privés et mesures de défiscalisation spécifiques

Alors, au regard de cette longue liste, on ne peut que remercier tous ceux qui depuis des années maintenant font inlassablement remonter vers Paris nos difficultés, quelqu’aient été les gouvernances (et elles furent nombreuses), les parlementaires, les représentants de l’Etat, les élus de la CCISM, du CESC et les associations socio-professionnelles. Au regard de cette longue liste, il est clair que le Président de la République a été bien informé de notre situation et que pour une fois nous ne sommes pas passés uniquement pour de bas pirates, des évadés fiscaux ou des criminels ayant trouvé un endroit pour se mettre au vert et rouler dans de gros pick up américains.

Plusieurs annonces sont fondamentales et réclamées de longue date, elles donneront sans doute lieu localement à la naissance d’autant de commissions ad hoc pour préparer la réouverture du dossier compensation des charges ou celui du RSA à la saint-martinoise. La création d’une chambre détachée du TGI de Basse Terre était aussi attendue même si mieux juger et juger plus vite localement ne répond absolument pas voire même aggrave la problématique de l’incarcération…

Enfin, et parce qu’il y a deux ans presque exactement le Ministre des Outre-Mer Victorin Lurel nous y invitait, on se surprendra à remarquer que le Président de la République n’a pas réouvert la porte du toilettage de la loi organique, préférant visiblement nous voir en premier lieu assumer bien ou mieux les compétences dont nous avons déjà hérité.

La petite phrase que nous retiendrons : “Tant que vous aurez des projets, il y aura des financements…”

Igor Rembotte
Par Igor Rembotte 10 Mai 2015 22:41