Chômage – Records et langue de bois

Igor Rembotte
Par Igor Rembotte 27 Déc 2014 17:06

Chômage – Records et langue de bois

Voici ce que le ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue social écrit quant aux chiffres du chômage au 30 novembre 2014 :

24 décembre 2014 –  Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue social

Les demandeurs d’emploi en novembre 2014

En novembre, le nombre de demandeurs d’emploi inscrit à Pôle Emploi en catégorie A augmente de 0,8%, soit 27 400 personnes supplémentaires, pour s’établir à 3,48 millions. La hausse est plus limitée pour les jeunes, soulignant à nouveau l’effet positif des emplois d’avenir ; elle est plus forte pour les seniors (+1% sur un mois). 
En revanche, on enregistre une baisse de 0,1% du nombre de demandeurs d’emplois ayant exercé une activité réduite de 78 heures ou moins au cours du mois (catégorie B) et une baisse de 0,5% de ceux qui ont exercé une activité réduite de plus de 78 heures (catégorie C). 
L’amélioration de la conjoncture en 2015 s’accompagnera de la poursuite d’une politique de lutte contre le chômage offensive.


Et l’on n’en finit plus de lire ces communiqués savamment rédigés pour masquer le dramatique de la situation de l’emploi en France car il est des chiffres et des records qui ne trompent pas : sur un an, la hausse du chômage atteint 5,8 %. 

Si l’on ajoute les chiffres relatifs aux outre-mer et ils sont globalement pires, 3.75 millions de personnes sans aucune activité étaient inscrits fin novembre au pôle emploi, soit une hausse de 0,7 % en un mois et de 5,4 % en un an. Si l’on inclut ceux qui ont eu la décence de déclarer une “petite activité”, ce chiffre enfle pour atteindre 5,48 millions, en hausse de 0,4 %.

Il n’est pas nécessaire de tergiverser et de trouver la catégorie de chômeurs ou la classe d’âge qui tire son épingle du jeu, il n’y en a pas ! Par contre, une donnée est assez alarmante : seuls 18.7% de ceux qui quittent le pôle emploi le font parce qu’ils reprennent une activité… que faut-il en conclure ? Mais où sont donc tous les autres ? Est-ce qu’à l’échelle du pays le syndrome déjà identifié à Saint-Martin serait valable ? Est-ce qu’il existerait une classe de non-demandeurs d’emploi ? Un pan de la société composé des désabusés du système qui auraient décidé d’en sortir ou de ne pas y entrer ?

Si l’on se penche simplement sur le pôle emploi réunionnais, l’IEDOM vient de l’épingler lourdement, lui attribuant le record national de l’attente. En effet, 22 mois sont nécessaires en moyenne entre le moment où un demandeur d’emploi passe la porte d’entrée de l’institution et celui où il passe la porte de sortie avec un emploi en main.

Pourtant, on a rarement été aussi inventif en terme de contrats dits “aidés”, de dispositifs divers tels que les emplois avenir, le CICE ou de promesses contenues dans un fumeux “Pacte de responsabilité et de Solidarité” dont on ne voit pas bien ce qu’il pourrait sortir de tangible en dehors d’un assemblage instable de vœux pieux prononcés par les syndicalistes, le patron des patrons et autres.

Et l’INSEE en rajoute une couche dans ses prévisions publiées en date du 18 décembre 2014, estimant que cette hausse va se poursuivre a minima jusqu’à mi-2015 pour atteindre 10.6% outre-mer incluse, date à laquelle l’éminent statisticien national nous fournira de nouvelles prévisions dont on se doute déjà qu’elles auront la même amère saveur. Quant aux effets des mesures gouvernementales en faveur de l’emploi, l’INSEE les gratifie d’un potentiel de 80 000 emplois… plus 10 000 par ci et 10 000 par là…

Vu de loin, on a juste l’impression de devoir stopper un poids lourd sans frein dans une descente alpine sur route verglacée en comptant sur les effets bénéfiques d’un vent contraire. Pour autant, rien ne garantit qu’une autre équipe aurait fait mieux dans un contexte où les frontières ne pèsent plus grand chose face à la mondialisation.

Igor Rembotte
Par Igor Rembotte 27 Déc 2014 17:06