Saint-Barthélemy : le projet de Super U ne fait pas l’unanimité

Igor Rembotte
Par Igor Rembotte 29 Août 2013 16:39

Saint-Barthélemy : le projet de Super U ne fait pas l’unanimité

“Projet de Super U: pourquoi j’ai dit non” par Bettina Cointre, Conseillère Territoriale de l’équipe “Tous Pour Saint-Barth”

290813-BettinaCointre

Bettina Cointre, Conseillère Territoriale “Saint Barth pour Tous”

La présence à cette commission confère à ses membres une très grande responsabilité sur les choix économiques et sociaux de Saint-Barthélemy.

J’ai fait partie de cette commission. Benoit Chauvin faisait partie des deux commissions précédentes ; son vote était le même que le mien, et pour les mêmes raisons.

Avant d’aborder les questions de fond, il est permis de s’interroger sur de nombreux aspects qui posent question : l’éviction de certains membres et pas d’autres pour conflit d’intérêts, une réunion en plein mois d’aout, en conséquence de quoi la commission a statué avec seulement 6 membres* et un dossier distribué dans la précipitation … Quant au projet en lui-même, il est tout simplement démesuré et ne correspond pas à l’échelle de Saint-Barth.

Le préfet, lors de son discours du 24 août, a parlé d’un développement économique à la taille de l’île. Or accepter un tel projet, c’est faire exactement tout le contraire. Ce projet est démesuré sur le plan architectural, avec un bâtiment presque aussi grand que le stade de Saint-Jean. Il est démesuré sur le plan commercial, car il pourrait sur le papier répondre à l’ensemble des besoins des consommateurs. Les chiffres donnent le vertige : un bâtiment de plus de 5000 m2, une hauteur de près de 9 mètres, une surface de vente de l 795m2, en plus des 800m2 aujourd’hui, car le magasin actuel pourra toujours être exploité pour une activité, alimentaire ou non, sans avoir à demander l’avis de la CTAC.

Vous et moi, en temps que consommateurs, nous sommes tous vigilants sur les prix. Mais quand cette enseigne sera en position de monopole ou aura fragilisé l’ensemble des autres commerces, qui nous garantira les meilleurs prix ? Ma priorité est de préserver les “petits commerce”, qui nous permettent d’avoir un large choix, toute l’année.

Comment ferons-nous pour acheter un jouet en dehors des fêtes de Noël, si tous les magasins de jouets devaient fermer ? Il est important de conserver cette possibilité de choix, d’autant plus que nous sommes sur une île, avec les difficultés d’approvisionnement que l’on connait tous.

Ce qui m’inquiète au plus haut point, c’est que tout l’équilibre économique et social, que nos parents ont construit petit à petit, basé sur le développement d’identités de quartiers, avec des commerces de proximité, sera remis en cause par un tel projet ou celui demain d’une enseigne concurrente.

Des commerçants ont déjà alerté les membres de la CT AC sur ce risque de mi~e en difficulté des commerces existants. Et conm1e le président l’a dit lui-même dans le dernier numéro de Saint Barth Magazine : “On ne peut exclure le risque qu’à terme, ce projet mette en difficulté certains petits commerces.• Pour moi ce n’est pas “certains” mais “beaucoup trop” et je n’accepte pas que l’on prenne ce risque.

A titre personnel, je n’ai rien contre le pétitionnaire. Il souhaite développer son commerce, c’est son choix , et son droit le plus strict. Pour autant, l’argument selon lequel le projet est porté par une famille n’en est pas un, car c’est le cas d’autres réseaux de distribution nationaux. Ce n’est donc pas une garantie que les objectifs et le fonctionnement du futur magasin seront différents de ceux des autres grandes surfaces de métropole.

Ce que je vois, c’est que les exploitants et les salariés de tous les autres commerces déjà présents sur l’île sont eux aussi des familles, qui sont engagées dans la vie sociale de l’île et méritent elles aussi d‘être prises en compte.

Faut-il mettre en péril tout ce fragile équilibre social ? N’oublions pas que nous sommes sur un territoire petit et isolé. Les familles qui se retrouveront au c hômage n’auront pas la possibilité de trouver un emploi ailleurs. En un mot, le projet ne répond pas aux critères du code de commerce que sont l’aménagement du territoire, le développement durable et la protection des consommateurs.

Aussi, j’ai décidé de défendre mes convictions jusqu’au bout et j‘ai d’ores et déjà engagé un recours auprès de la CNAC (commission nationale d’action commerciale) afin que cette dernière examine de nouveau le dossier, en toute objectivité.

Bettina Cointre

Conseillère Territoriale

http://www.touspoursaint-barth.fr

*les 6 membres présents à la commission étaient : Bruno Magras, Nils Dufau, Marie-Angèle Aubin, Malin Kirscher, Jean-Jacques Rigaud et moi-même

 

Igor Rembotte
Par Igor Rembotte 29 Août 2013 16:39